Γοργώ (Gorgone) - Μέδουσα (Méduse)

Photo de Frederic Bossard
Méduse, la Gorgone. 

Ce projet est né d'un défi un peu fou que je me suis lancé pour cette nouvelle année. De plus en plus, l'envie d'oser danser ma propre voie se faisait sentir, sans que je ne me permette de le faire. Alors, quand j'ai su que le Hanangona fest (https://www.hanangonafest.com/ et l'adresse sur Facebook https://www.facebook.com/hanangonafest/) organisait pour la deuxième année de suite une scène ouverte, je me suis mise au défi d'y participer.
 C'était l'endroit le plus sécurisant pour moi, avec une belle ambiance, chaleureuse, sororale, qui permet de se sentir acceptée, non jugée, et j'avais besoin d'un environnement aussi bienveillant pour oser. 

Un thème s'est aussi imposé : la Méduse. Figure emblématique dans ma vie, depuis mon enfance. J'y reviens résolument. Pour ce défi qui allait me mettre face à moi-même, mon reflet, au miroir du regard de l'autre, il était normal qu'elle me revienne en tête. 

J'ai eu à cœur de construire mon histoire du début à la fin, du costume à la chorégraphie.
Ce fut une expérience entière, forte, et je me suis confrontée à cette image monstrueuse, à cette malédiction, à ce mythe tellement inspirant.
Pour tout vous dire, je crois que je n'en suis pas sortie. Méduse est un de mes plus fidèles avatars. Je me suis permise de laisser s'exprimer toute cette part de moi, qui ne semble pas avoir encore livré tout ce qu'elle a besoin de livrer. 


1 - LA JUPE 


Essais de patron de jupe type "sirène" avant de couper dans mon beau tissu.  

J'avais acheté il y a quelques temps deux anciens saris, que je trouvais magnifiques, avec pour idée d'en faire une jupe tribale. Mais je n'arrivais toutefois pas à me lancer et à couper dedans.
En pensant à ma Méduse, j'avais commencé à chercher des tissus brillants sur le net, des tissus en polyester, très "bling bling", plutôt doré/clair sur le devant et vert sur l'arrière.

Au moment où j'allais tout commander, j'ai changé d'avis. Je voulais quelque chose de plus authentique, pour aller dans le sens de l'Antiquité grecque. Du coup, j'ai repensé à ces tissus, et surtout celui que vous voyez ici, qui a des dessins qui m'ont fait penser à des écailles. Et en plus, ils avaient la bonne couleur (coïncidence...?), un beige/marron clair, et un marron avec de grandes zones de vert.


J'avais pour projet de faire une queue de serpent sur l'arrière, pour rappeler la thématique de Méduse. Même si dans le mythe, les serpents sont uniquement sur la tête, j'aime les représentations de Méduse où elle a une queue de serpent, type Mélusine, une autre figure féminine mythologique qui me touche.
J'ai donc utilisé les écailles d'un patron de Firefly Path (https://www.fireflypath.com/).



 Des écailles, et des écailles plus tard...

Ici, un détail du premier sari, que je n'avais pas prévu d'utiliser  initialement, mais j'ai été séduite par le petit côté "Klimt". Du coup, j'ai décidé de l'intégrer à ma jupe, en panneau sur le devant.


 J'ai aussi ajouté des paillettes à certaines écailles pour plus de relief. En ce moment, je suis dans une période paillettes, j'en mets un peu partout !

 Voici après l'insertion de la queue à la jupe. 



2 - LE HAUT

 Pour le haut, au départ, j'avais en tête de m'inspirer de Médusa, du jeu vidéo Smite, un jeu que j'adore, et forcément, vous vous doutez, j'ai adoré jouer ce personnage. C'était avec elle que j'ai commencé. Aujourd'hui, je la joue moins, elle est moins méta. Mais j'aime quand même jouer avec elle de temps en temps. Pour cette idée, j'ai eu envie de faire à la "cosplayer", en utilisant des mousses thermoformables, pour un effet armure.


 J'ai donc créé un patron directement sur moi avec du film plastique et du scotch.

 J'ai découpé les pièces du patron et ensuite je les ai transposé sur de la mousse (trop fine).


 Après avoir collé tous les morceaux.
Après, cela a été plus compliqué... j'ai ajouté des détails, et après il a fallu trancher entre deux méthodes :peindre en doré, ou recouvrir de tissu doré.
Je commençais à manquer de temps, et je n'avais pas de quoi faire de la peinture... du coup, j'ai testé le tissu, et cela ne m'a pas plu du tout...
A ce moment-là, j'ai beaucoup douté sur le rendu. En voyant ce que ça donnait, je n'étais plus sûre de la pertinence de l'armure pour la danse...
Du coup, j'avais un plan B, au cas où, un soutien-gorge que j'avais fait il y a quelques années pour un spectacle de danse orientale.
(Photo datant de 2014, d'un gala de danse orientale. J'ai flouté les visages des autres danseuses car je n'ai pas leur autorisation pour diffuser leur image, je ne voudrais pas les froisser si jamais elles passent un jour par là...)
Et voici le soutien-gorge de près, intact depuis 2014 :


Grâce à une idée de mon compagnon (son aide précieuse n'est pas à minimiser sur ce costume, sans son soutien, il y a au moins trois moments où j'aurais pu abandonner...), j'ai réutilisé les chutes du premier tissu pour transformer le soutien-gorge. (le soutien-gorge de 2014 est encore intact en dessous, je peux le retrouver si je le souhaite ;) ). Et voici le résultat :
J'aime l'effet miroir des sequins....


 3 - LA COIFFE ET LE MASQUE

Pour la coiffe, j'ai utilisé un serre-tête que j'avais, plutôt épais, car j'avais envie de reprendre une idée croisée dans une vidéo Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=NBh-O4uLaO8) de faire une coiffe plutôt  imposante mais légère, pour pouvoir danser avec (et qu'elle tienne sur ma tête, accessoirement). Je me suis aussi inspirée de la coiffe de la reine des damnés, une coiffe qui me fait penser au serpent : 

J'ai donc continué à utiliser de la mousse, avec du fil de fer, et de la pâte polymère légère, séchant à l'air (car je n'ai pas de four adapté pour cuire des pâtes polymères)





Pour ma chorégraphie, et l'histoire que j'avais en tête, j'avais besoin d'un  masque, que je pourrais enlever pendant ma chorégraphie... Voici donc le masque, en train d'être sculpté:


J'ai rajouté des strass, du relief à la peinture relief, des joyaux pour illuminer la coiffe...
Entre temps, avec l'ajout de la peinture, la coiffe est devenue trop lourde, et elle ne tenait plus sur ma tête. Il a fallu la fixer de nouveau, et ajouter des ficelles de soutien à l'arrière pour éviter qu'elle ne parte vers l'avant... J'ai eu plutôt peur...

 4 - LA CEINTURE

 C'était un des moments critiques pour moi... les ceintures tribales sont tellement belles, et tellement inaccessibles pour moi... Elles nécessitent des pièces d'argent, anciennes, que je ne trouve nulle part, et qui sont souvent très chères. Je n'ai aucune idée de comment faire ce type de ceintures autrement, et je n'ai pas les moyens d' acheter une ceinture qui me plairait...

J'ai failli laissé tomber et y aller sans ceinture, mais j'ai persévéré grâce aux encouragements de mon compagnon toujours, sur une idée farfelue, qui nécessitait d'acheter du papier-miroir qui devait arriver en moins d'une semaine. Mission réussie, j'ai pu faire ma ceinture-miroir (toujours en rapport au thème du mythe de Méduse). Et grâce au mercredi férié précédent le Hanangona fest, j'ai pu broder des miroirs et mettre des sequins dorés sur toute la ceinture (8h de sequins d'affilée... pour tout couvrir).
Clairement, je n'avais pas la tête à prendre de photo pendant la pose des sequins, j'espérais juste terminer à temps...
 J'ai ensuite rajouté des chaînettes dorées à motifs... grecs (!) que j'avais acheté il y a plus de 5 ans à Emmaüs !



  Et voici le tout porté !


 J'espère bientôt pouvoir vous montrer des photos dans une mise en scène autrement travaillée. Pour le moment, je peux vous montrer des photos prises lors de la scène ouverte, le 10 mai dernier. 

Photo "backstage" pendant la fixation de la coiffe.





Photos prises par une autre participante de la scène ouverte pendant mon passage. =)

Photo de: Frederic Bossard
Photo de Ninon Payan

Photo de  Ninon Payan
Photo de Ninon Payan
Photo de Frederic Bossard
 
Photo de Frederic Bossard

La musique que j'avais choisie est une musique de Yuki Kajiura - Vanity, une artiste inspirante et une musique qui me transporte et qui m'était tout de suite venue en tête quand j'avais pensé à mon thème, à mon histoire avec Méduse. Je vous transmets le lien de la version live, sublime (écoutez ce violon <3 ): https://www.youtube.com/watch?v=8vxbHLxoTeo
La chorégraphie peut se catégoriser j'imagine dans de la fusion, tribale fusion, entre danse orientale et indienne. J'ai utilisé les chemins qui me parlent le plus pour m'exprimer, et ce sont ces deux disciplines en ce moment. Ce n'était pas très technique, plutôt très émotionnel, finalement, c'est ce qui me ressemble : un ensemble d'émotions éparpillées de manière brouillon, mais un moment tellement fort pour moi. Ce fut une première mise en mouvement extérieure de mes mouvements intérieurs, une toute première chorégraphie... quel dur travail de choix. J'ai été obligée de garder un moment d'improvisation, chose qui me fait très peur en réalité, mais il y avait un passage pour lequel je n'arrivais pas à me décider sur quels mouvements lui attribuer... du coup j'ai accepté de lâcher prise et de voir ce qui sortirait en direct. 
Qu'est-ce que ça peut paraître court 4 minutes...

J'ai déjà envie de recommencer, de m'améliorer. Quand j'ai commencé cette réalisation, les projets commençaient à se bousculer dans ma tête. Les musiques, chansons qui m'animent depuis longtemps m'arrivaient en tête accompagnées d'images, de mouvements, de costumes. Cela me plaît de pouvoir créer absolument tout pour une interprétation en mouvement.
Je vais pousser jusqu'au bout en liant toutes mes passions, et en créant des photos à partir de ce costume et de cette chorégraphie, j'espère pouvoir encore exprimer de nouvelles choses.  

Je ne pourrais jamais remercier suffisamment les personnes qui ont rassemblé les conditions adéquates pour cette tentative, cette envolée, cette expression. Celui qui m'a accompagnée dans mes hauts et mes très bas durant tout le processus de maturation et de construction (aussi bien matérielle que psychique... il m'a fallu travailler profondément sur moi pour faire cette mise en scène), ma mère et ma sœur, qui bien que loin, sont toujours enthousiastes à leur manière par mes idées farfelues, les organisatrices et les bénévoles du hanangona fest pour leur travail incroyable, et les spectateurs, pas venus pour moi, mais qui ont chaleureusement été là pour témoigner, accueillir.  
Je mesure l'importance de tous ces éléments aujourd'hui, avec douleur, mais aussi reconnaissance après cette rencontre réussie. Pour toutes celles qui ont échoué. 

Ce fut donc une grande première pour moi : une première dans l'utilisation de mousse thermoformable, une première chorégraphie, une première mise en scène seule, face à un public, une première création de queue de serpent aussi ahah.

Je pense réessayer bien vite, avec un prochain thème déjà bien en tête, s'il doit y avoir l'année prochaine une deuxième scène ouverte pour moi... 
A suivre, si le cœur vous en dit. 

Lilith

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