Tehanu


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J'ai cette année eu l'honneur d'être invitée à participer au spectacle de fin d'année de l'école de danses fusions Djinn Circus sur le thème des films du studio Ghibli, à Lyon.

Les studios Ghibli ont sorti leurs films en même temps que je grandissais. J'ai l'impression d'avoir un film Ghibli pour chaque période de ma vie jusqu'ici (je ne les ai pas encore tous vus, et je les découvre lentement mais avec plaisir et toujours au bon moment pour que j'en tire des réflexions toujours très enrichissantes).

Initialement, j'avais un projet antérieur dans l'univers de Princesse Mononoke. Mais ce film avait déjà inspiré plusieurs autres chorégraphies alors que mes films préférés n'avaient que peu de succès. Mon inspiration m'a portée vers les Contes de Terremer. J'ai regardé le film de nouveau, fait des recherches. Je me suis laissée inspirer par les problématiques multiples de ce film très riche. Finalement, j'ai écrit une présentation à mon solo (pas de chorégraphie sans histoire pour moi) : 

 "Au début du monde, humains et dragons ne formaient qu’un seul être. Mais certains, avides de tout ce qui est matériel, ont choisi la terre et la mer : ce sont les hommes. Les autres, épris de liberté, ont choisi le vent et le feu et sont devenus des dragons. Depuis ce temps-là, humains et dragons se sont éloignés les uns des autres, toute relation a été rompue et chacun s’est enfermé dans son univers… Mais aujourd’hui la magie décline. Les dragons se dévorent entre eux, les humains se battent leurs terres. Les mages, qui connaissaient le véritable nom des choses, révélant ainsi leur pouvoir, perdent leur sagesse ancestrale.

Dans les fracas de ce monde à l’agonie, Therru, une jeune fille craintive au passé mouvementé essaye de se faufiler, non sans mal. Son chemin l’amène à révéler son nom véritable, Tehanu, et avec lui un secret enfoui en elle, le lien perdu entre les humains et les dragons. "

J'ai tout de suite eu envie de créer un solo qui montrerait les deux aspects de Therru : une jeune fille rejetée et maltraitée et un dragon puissant et libre. 

La première chose un peu nécessaire était d'avoir le dragon. J'étais tombée amoureuse des queues articulées de Arborealkey. Je me suis inspirée de ses talents pour créer ma propre queue articulée pour qu'elle puisse danser avec moi. J'ai trouvé un faux-cuir parfait (je voulais un dragon en vieil or, comme au début du film quand on voit les dragons se battre dans la lumière et qu'ils semblent dorés/blancs). Finalement, ce tissu est entre le doré et l'argenté et j'adore l'association des deux. 

J'ai coupé la queue dans un ancien bout de burlington rendu raide par de l'acrylique. (j'avais essayé de faire un mur en brique dessus... sans trop de succès). C'était le tissu le plus solide que j'avais sous la main. Les attaches viennent aussi de ce tissu. 


   


Après l'avoir rempli avec du rembourrage à coussin, il fallait lui donner son petit air de reptile. J'ai donc coupé une grande quantité d'écaille dans le faux-cuir, et je les ai collées une à une. La queue commence ici à prendre du poids entre le rembourrage et les écailles. A ce moment-là, j'ai un peu peur qu'elle ne tienne pas... Mais je continue de faire des essais portés, et même si ce n'est pas parfait, ça tient.

 

La prochaine étape : les grandes écailles du dessus, pour apporter une touche encore plus sérieuse. après avoir fait quelques patrons, j'ai découpé les grandes écailles dans de la mousse. 

 Ensuite, j'ai bombé les grandes écailles avec de la peinture dorée qu'il me restait de ma Méduse. J'ai passé du temps à tracer des reliefs, peindre en argenté pour ajouter des contrastes aux écailles. Puis je les ai collées par dessus le reste. 

La queue était à ce moment-là finie. En parallèle, j'avais prévu de faire un sarouel ouvert sur les côtés. J'ai pris un patron de sarouel que j'avais, dans l'idée de couper les extrémités après... mais après avoir coupé un bord, ça ne rendait PAS DU TOUT comme je l'imaginais. Je pense qu'il est plus sage d'assembler un sarouel déjà fendu sur les côtés que d'essayer de couper un sarouel entier... donc j'ai recousu la jambe sur laquelle j'avais fait le test et j'ai laissé le sarouel entier. Je pense réessayer de l'ouvrir cependant... maintenant que le spectacle est passé, je peux faire des tests à ma guise. J'ai trouvé un joli tissu pailleté pour faire le sarouel, après de nommmbreuses recherches de tissu fluide clair qui ne soit pas un tissu de mariage... 

Pour le haut, j'ai repris mon tout premier soutien-gorge de FCBD style. J'avais fait ce soutien-gorge en 2014, pour danser avec les Bohemian Spells. Je lui ai recousu les grelots qui tombaient, j'ai changé l'attache des bretelles (soutien-gorge classique => dans la nuque). Je n'ai pas eu le temps de plus le customiser. J'avais d'autres idées. Et si j'avais eu les ressources et le temps, j'aurais essayé de mettre des épaulettes en écailles, quelque chose pour couvrir un peu les épaules ou le haut des bras. 


Pour camoufler les attaches de la queue, je les ai recouvertes du même tissu que le sarouel. J'ai aussi pris un bout de satin doré que j'ai découpé en rectangle sommaire, auquel j'ai ajouté une broderie en bas. C'est un panneau tout pourri, mais qui a juste pour tâche de cacher les attaches... je n'avais pas le temps ni les moyens de faire mieux. Il n'est d'ailleurs même pas fixé. Je l'ai fait tenir avec une épingle à nourrice pendant le spectacle ! =D 

J'ai récupéré la ceinture de ma Méduse qui était dorée et le dragon était fini. 


Une fois la deuxième partie terminée, j'ai entamé la première partie avec un jersey bordeaux que j'avais là qui traînait pour un autre projet. Le but était de fabriquer des bouts de tissu faciles à enlever et qui couvrait le reste le temps du début de la choré. Me voici donc à couper deux rectangles, et à faire une jupe type portefeuille avec des scratchs/velcros.  Heureusement, le jersey est extensible. J'ai donc procédé de la même manière pour le haut, attaché par un scratch à la nuque et un bouton pression dans le dos. Je n'imaginais pas que ça rende aussi bien . Je trouve que ça colle parfaitement à l'univers des contes de Terremer. 
Ensuite, pour cacher ma coiffe, j'avais besoin d'une capuche. Je n'avais pas le temps d'en faire une. J'ai donc repris la capuche que j'avais faite pour mon shooting dansé sur le thème de la dépression.


Pour rester dans le costume, j'ai terminé par des cornes, faites en mousse, puis peintes comme les grandes écailles. J'avais fait une première paire de cornes qui me paraissait bien trop grosse pour pouvoir danser sereinement. J'ai donc rétréci les cornes (si si, c'est possible même pour moi qui adooore les coiffes gigantesques). La coiffe a été faite 2 jours avant le spectacle, donc je n'ai pas pris le temps de faire des photos pendant le processus. Mais vous verrez qu'elle est assez sommaire : des cornes et des choses dorées autour. J'ai quand même collé un peigne dessous pour les aider à tenir car j'avais des mouvements de tête assez brusques dans ma chorégraphie. 

Le costume était fini. 

Pour la chorégraphie, j'avais du mal à trouver une musique parmi celles que je connaissais déjà qui puisse correspondre à ce que je voulais faire de mon solo. Je voulais une musique évolutive, un peu épique sur la fin, mais tranquille sur le début. Et j'ai découvert Soundcloud. J'y ai trouvé des musiques super intéressantes, une en particulier, en accès libre. Ce jour-là, par hasard, je suis aussi tombée sur des publications qui traitaient d'un épisode de la dernière saison de Love, Death & Robots. Je ne connais pas cette série, mais dans le milieu du costume x de la danse fusion, l'esthétique de l'épisode Jibaro et de tout particulièrement de la sirène a fait des émules. Autant fascinée que les autres, je suis allée me renseigner sur cet épisode (je n'ai pas Netflix) sur Youtube. J'y ai vu des montages vidéos, des extraits, et je suis remontée jusqu'à la bande annonce de la saison où figuraient d'autres images de cette sirène. 

La musique de cette bande-annonce a été un coup de cœur. Il s'agit d'un remix de la lettre à Elise par Wall of Noise que vous pouvez écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=L69CuNxxRIc&ab_channel=falloutmusic

C'est réellement la musique PARFAITE pour mon histoire. Un début sobre, mystérieux. Une évolution qui s'emballe jusqu'à finir sur quelques notes de clôture. 3 minutes où l'on a pas le temps de s'ennuyer. 3 minutes qui semblent passer en 1m30. Cette musique a la faculté de nous faire plonger, de flouter le temps.


En terme de musicalité et de création, je vois les bénéfices de mes cours avec Olga Meos. Les ateliers qu'elle propose poussent les danseurs/danseuses à sortir de leur chemin habituel, de leurs limites. Chez moi, ça marche bien, rien n'est suffisamment construit pour que j'aie un chemin bien défini. Donc je suis très sensible à ces nouvelles propositions. Faire cette chorégraphie a été bizarrement plus facile que toutes les autres que j'ai déjà faites. 
Pour être inspirée, j'aurais besoin d'être dans un bain continu, ne pas avoir à faire autre chose entre deux parties de chorégraphie, ne pas faire des aller-retours entre mon univers et la vie quotidienne. Vu que je travaille, cela n'est jamais possible et je souffre souvent de perte de motivation ou d'inspiration entre les sessions "chorégraphies" que je peux me caler dans la semaine. Le résultat, c'est souvent qu'un bout de la chorégraphie n'arrive pas à m'inspirer. 
Ici , malgré les coupures, la musique et l'histoire me donnaient les directives : le dragon m'a beaucoup guidée, malgré quelques déboires de santé qui ne m'ont pas permis de m'entraîner autant que je l'aurais voulu... !

Place au spectacle ! 


Le jour même a été intense !! Après le travail, j'ai filé à Lyon pour pouvoir arriver à temps pour le filage. A chaque essai, un constat frustrant : impossible de réaliser certains de mes mouvements car mes jambes tremblaient terriblement, malgré les plusieurss essais. Je n'ai jamais été trop stressée pour des galas, mais l'enjeu n'est pas le même quand on danse la chorégraphie d'un(e) autre en groupe ou seul(e), ou que l'on danse sa propre création. Cela a occasionné quelques soucis sur scène, qui, selon les spectateurs n'ont pas empêché de profiter du spectacle, donc tant mieux. Et c'est vrai que toutes ces années de danse et les improvisations guidées de ces dernières années m'ont permis d'avoir les assises nécessaires pour avoir la flexibilité de transformer ma chorégraphie sur scène quand il y a un problème. 

Une petite photo backstage après mon passage. (pour l'occasion je me suis épilée toute la partie extérieure des sourcils pour pouvoir faire un regard plus dur et plus ressemblant à ce que j'imagine d'une expression de dragon). 

Je ne m'y attendais pas mais j'ai la chance de pouvoir avoir des images sur scène ! Je remercie chaleureusement les deux personnes qui m'ont permis d'avoir ces images : (https://www.instagram.com/alexscythe/?hl=fr et https://www.instagram.com/volponi___/)












SHOOTING


Le lendemain du spectacle, je ne savais pas encore que j'aurais la possibilité d'avoir ces jolies photos. Et je n'avais pas pris de photos du costume en entier. Avant de le ranger, j'ai donc réalisé quelques clichés en improvisant un studio photo à la maison, avec les "moyens du bord". 













Je ne devais pas être bien réveillée (ou bien reposée) car j'ai oublié de faire attention à la mise au point... bien évidemment. Ceci dit, les résultats sont rigolos. Je vous en mets deux petits extraits !




Lilith
 





























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